Semaine de 4 jours : l’idée fait son chemin en Europe…
Depuis le 1er janvier 2023, le groupe français Mutuelles du Soleil, 370 salariés, a adopté la semaine de 35 heures sur 4 jours, 32 heures pour les 70 commerciaux ne souhaitant pas être en télétravail, le tout sans réduction de salaire. Quelques mois plus tard, les retours en interne sont très positifs : 82% des répondants estiment que cette nouvelle organisation est une réelle une avancée sociale. Cette semaine réduite « stimule la productivité et améliore la concentration et l’engagement des collaborateurs », indique le sondage. Pour 94% des collaborateurs, la semaine de 4 jours offre un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Et malgré un jour non travaillé par semaine, 92% d’entre eux trouvent que la communication reste fluide entre collègues. Le groupe a en effet choisi d’offrir une grande souplesse à ses salariés, tout en imposant des jours de travail sur site, le mardi notamment. Des salariés tellement satisfaits qu’ils souhaiteraient désormais que tous les collaborateurs puissent passer à la semaine de 32 heures et que l’entreprise leur donne la possibilité de télétravailler 3 jours par semaine. La cerise sur le gâteau ?
Même la fonction publique s’y met !
Le ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal, a lancé en février 2023 une expérimentation sur le bien-être au travail des agents de l'Urssaf de Picardie. Ces derniers peuvent désormais, sur la base du volontariat, concentrer leurs 36 heures de travail sur 4 jours au lieu de 5. « Je crois que beaucoup de Français aspirent aujourd'hui à travailler différemment », avait indiqué le ministre. Mais est-ce réellement un fait nouveau ? En 2019, une étude sur la semaine idéale de travail avait été réalisée par ADP auprès de 10 000 travailleurs européens. 83% des Français interrogés s’étaient dit prêts à travailler 4 jours par semaine, en passant plus de temps au bureau afin de conserver le même salaire. Un avis partagé par 63% des salariés espagnols, mais désapprouvé par 62% des polonais qui se disaient quant à eux satisfaits de travailler 5 jours.
Depuis, la crise du Covid et l’instauration du télétravail ont renforcé les aspirations de salariés plus soucieux d’équilibrer leur vie personnelle et leur vie professionnelle. La semaine de 4 jours serait-elle donc la réponse à cette quête d’une meilleure qualité de vie ? Un test à grande échelle, le plus important jamais mené dans le monde selon le quotidien britannique The Guardian, a ainsi été mené de juin à décembre 2022 au Royaume-Uni. 3 300 employés issus de 70 entreprises différentes, tous secteurs d’activité confondus, ont travaillé 4 jours par semaine tout en gagnant le même salaire. Objectif du projet : étudier l’impact de ce modèle sur l'économie et sur le bien-être des salariés. Bilan : 91% des entreprises ayant pris part à la phase expérimentale ont décidé d’entériner cette nouvelle organisation du travail, 5% disent y penser sérieusement. Seules 4% d’entre elles ne prévoient pas d’aller plus loin. Motivation boostée, énergie décuplée, efficacité retrouvée, concentration élevée : l’adhésion est totale du point de vue des salariés. Côté employeurs, des ajustements s’avèrent encore nécessaires : « Cette organisation suppose de changer notre manière de travailler, de revoir notre culture d’entreprise, de tout reprendre de zéro en fait », tempère l’un d’entre eux.
Travailler moins, réellement ?
En Islande, pays précurseur en la matière, une expérience similaire à celle du Royaume-Uni avait été menée dès 2015 sur 1% de la population. 2 500 Islandais s’étaient vu proposé de travailler 35h par semaine sur 4 jours, au lieu de 40 sur 5 jours, avec le même salaire à la fin du mois. Initié par la mairie de Reykjavik et le gouvernement islandais, le test avait affiché des résultats encourageants avec un maintien de la productivité et une amélioration du bien-être des salariés. Seul bémol du côté des profils « cadres » qui estimaient n’avoir pas réussi à réduire leurs heures en raison d’une surcharge de travail.
Enfin, en Belgique, où les salariés travaillent 38 ou 39 heures par semaine, la loi permet depuis novembre 2022 d'effectuer la semaine de travail sur 4 jours, après autorisation de l’employeur. Pas de perte de salaire ni d’incidence sur le montant de la retraite, ni de réduction du temps de travail. Autrement dit, un salarié à 38 heures par semaine qui souhaite travailler 4 jours par semaine devra le faire à raison de 9h30 par jour au lieu de 8 heures sur 5 jours. Travailler moins, réellement ?
En France comme ailleurs, les entreprises sont de plus en nombreuses à envisager la semaine de 4 jours en réponse aux nouvelles aspirations des salariés et notamment des nouvelles générations. Certaines sont déjà passées à l’acte : le ministère du travail estime qu’environ 10 000 salariés français sont aujourd’hui concernés. Mais à quel prix ? Comme pour la mise en place du télétravail en 2020, tout est affaire d’équilibre. Travailler moins pour gagner la même chose ? C’est évidemment l’équation rêvée pour tout salarié. Pas certain qu’elle soit entièrement partagée par les entreprises qui les emploient …
Pour aller plus loin
Lire l'article "À l’UNMI, satisfaction et efficacité au rendez-vous du télétravail"
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