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Prévoyance : quel impact en cas de recul de l’âge du départ à la retraite ?

21/09/2021 Expertise

Le recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans a été évoqué dans le cadre de la réforme des retraites. Il pourrait entraîner un surcoût, on parle de près d’un milliard d’euros, pour les régimes prévoyance. Mais à ce jour, rien n’est encore arrêté…

La France est l’un des derniers pays de l’OCDE* à avoir encore un âge légal de départ à la retraite à 62 ans. A quelques mois de l’échéance présidentielle, le débat sur la « grande réforme systémique », qui avait été suspendu par la crise sanitaire, reste latent. Selon un sondage Ipsos-Sopra Steria publié le 13 juillet 2021, au lendemain de l’allocution d’Emmanuel Macron portant sur la situation économique du pays, 72% des Français se disaient favorables à la relance de la réforme, mais 61% étaient opposés au recul de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans. Mais voilà, la crise sanitaire a engendré une crise économique plus profonde. Déjà en fort déficit, le système de retraites pèse de plus en plus lourd dans le budget de l'État : la part des dépenses de retraites s’élevait à 14,7% du PIB en 2020, selon le dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites publié en juin 2021.

À long terme, les économistes pensent que la décision de reculer l’âge du départ à la retraite serait de nature à stimuler l’activité économique. La Cour des comptes y est également favorable, estimant que c’est le seul moyen de « répondre à l'enjeu croissant de la dépendance et de la démographie, compte-tenu du nombre toujours plus important de retraités par rapport au nombre d'actifs cotisants ». Pour Bruno Chrétien, président de l’Institut de la protection sociale (IPS), « il faudrait reporter de deux ans l’âge de la retraite, si on veut assurer un équilibre pérenne du régime et même pousser jusqu’à 65 ans pour assurer un financement solide de la dépendance des personnes âgées ».

Les seniors, premiers impactés ?

De l’avis de tous, la réforme des retraites est nécessaire. Actuellement, l’âge légal de départ est fixé à 62 ans. Toutefois, il ne garantit pas une retraite complète. Pour pouvoir toucher sa retraite au taux plein, la durée de cotisation est comprise entre 40 ans (générations nées en 1948 ou avant) et 43 ans (générations nées après 1973). Face aux réticences de l’opinion publique à travailler plus longtemps, Emmanuel Macron s’orienterait donc plutôt sur une réforme des retraites a minima, par décret, avec une suppression des régimes spéciaux et la mise en place d'un minimum de pension à 1 000 euros.

Mais si au final, la décision de reculer l’âge du départ à la retraite est prise, les Français n’auront d’autre choix que de travailler plus longtemps. Les jeunes actifs auront plus de temps pour constituer leur épargne retraite complémentaire. En revanche, les seniors, même si leur taux d’emploi a augmenté ces 15 dernières années (54% des français âgés de 55 à 64 ans sont en emploi en 2020, contre seulement 37% en 2003, selon une récente étude de la Dares), voient le risque augmenter d’une inactivité non rémunérée en fin de carrière. Pour pallier ce risque, c’est-à-dire financer cette possible période d’inactivité, ils devront augmenter le montant de leur épargne retraite.

Un impact financier qu’il est encore tôt de chiffrer

Du côté des organismes de prévoyance, l’inquiétude est grande : l’éventuel recul de l’âge de départ à la retraite pourrait coûter cher aux assureurs prévoyance. Il y a 1 an, Marie-Laure Dreyfuss, déléguée générale du Centre technique des institutions de prévoyance (CTip) se montrait toutefois  prudente : « L’allongement de la durée du travail ne serait pas sans répercussion sur les comptes de la prévoyance, nous l’avons déjà vécu avec le relèvement de l’âge légal de 60 à 62 ans lors de la réforme de 2010. Mais on ne peut évaluer à l’heure actuelle d’éventuelles charges supplémentaires, le projet n’étant pas stabilisé, notamment sur la question de l’âge pivot ». A l’heure actuelle, il n’y a qu’une seule certitude : le facteur « démographie » pèse déjà sur les comptes des institutions de prévoyance : avec des salariés plus âgés au travail, la sinistralité est en hausse, notamment pour les arrêts de travail.

* Organisation de coopération et de développement économiques

Sources

France info
Vie-publique.fr
BNP Paribas Asset Management
Les clés du social
Dares
Argus de l'assurance