Estimée par l’Insee à 5,9% à fin décembre 2022, l’inflation est revenue à des niveaux inédits depuis le milieu des années 80. Toutefois, l’été est arrivé avec une bonne nouvelle : après le rebond de la croissance (+0,5% au 2ème trimestre), c’est la hausse des prix qui continue de décélérer. En juillet, elle a de nouveau ralenti, à 4,3% sur un an, selon l'estimation provisoire publiée par l'Insee¹. Mais ce repli amorcé en mai sera-t-il durable ? En attendant, les Français se serrent la ceinture. Selon une récente étude de l'Ifop², 41% d’entre eux disent avoir reporté des dépenses de santé au cours des douze derniers mois, soit près de deux fois plus qu'en 2007, date de la dernière grande crise inflationniste. Et un sondé sur deux dit avoir même renoncé à des soins médicaux ou dentaires, régulièrement ou occasionnellement.

L’inflation et la récession économique présentent également un risque pour la sinistralité des entreprises. Le nombre de défaillances a ainsi poursuivi sa remontée au 1er trimestre 2023 en France. Selon l’étude du groupe Altares³, avec 14 317 procédures collectives ouvertes depuis le début de l’année, le niveau des défaillances a augmenté de près de 44 % par rapport au 1er trimestre 2022. Et les TPE sont particulièrement touchées : plus des trois quarts (77%) sont immédiatement liquidées, portant le niveau des liquidations directes à son plus haut niveau depuis 2017.

Des indicateurs à la hausse

Dans ce contexte inflationniste, les Français pourraient-ils être tentées de limiter leurs dépenses en prévoyance et restreindre les garanties qu’ils possèdent auprès des assureurs ? « A court terme, s’agissant des contrats particuliers, je ne perçois pas d’inquiétude chez nos partenaires, mutuelles et courtiers, mais nous restons attentifs à l’évolution de la situation. Je distinguerais la Prévoyance des autres secteurs de l'assurance : à la différence d’autres assureurs (auto, habitation), nous n’avons pas le coût d’une réparation à supporter par exemple, qui aurait une répercussion dans un contexte inflationniste sur la charge du sinistre », indique Julien Sailly, Directeur des Opérations à l’UNMI, qui reste toutefois prudent. Ce dernier constate en effet, pour l’année 2022, un taux de résiliation supérieur aux années précédentes, passé de 5 à 6% des contrats à plus de 10%. Il relève également un taux d’impayés conséquent, de l’ordre de centaines de milliers d’euros par rapport au chiffre d’affaires global. Ce dernier est toutefois largement compensé par un taux de recouvrement très élevé, supérieur à 99%.

Concernant les contrats collectifs, la situation pourrait être sensiblement différente. « Aujourd’hui, c’est le rattrapage des cotisations obligatoires qui pèse davantage dans le budget des entreprises. Il serait donc trop facile d’affirmer que la situation est liée à l’inflation. Il nous faudrait plus de recul à moyen terme pour prendre la tendance et voir si l’inflation a augmenté ou amplifié la tendance d’augmentation des charges pour les entreprises ou les TNS », analyse-t-il. Le segment des TNS justement pourrait en tirer profit : « Honnêtement, quel serait l’intérêt pour un travailleur indépendant ou une profession libérale de résilier son contrat en raison d’une inflation trop importante ? Le besoin d’être garanti est toujours là, il est d’ailleurs peut-être plus marqué en période de crise. Ceux qui devraient davantage se couvrir en prévoyance sont ceux qui justement ont une trésorerie plus limitée », résume Patrick Ratta, Directeur du Développement à l’UNMI.