Article publié en septembre 2022

Déconnexion : un droit réellement respecté ?

Expertise secteur assurantiel
Depuis janvier 2017, les entreprises de plus de 50 salariés doivent respecter le « droit à la déconnexion », et donc limiter les sollicitations professionnelles en dehors des heures de travail. 5 ans et une pandémie plus tard, qu’en est-il réellement ?

Prévenir le stress des collaborateurs et éviter que la sphère privée ne soit envahie par des sollicitations professionnelles en tout genre (email, téléphone…), l’intention était louable. Dans les faits pourtant, il semblerait que les salariés français aient du mal à déconnecter. 36 % disent se connecter à distance pour travailler en vacances, selon une étude publiée début juillet 2022 par le site Glassdoor. Parmi eux, 20 % le font « parce que leur employeur leur adresse des demandes pendant qu'ils sont en vacances » et 35 % « par peur de manquer des informations ». Conséquence : l’effacement de la frontière travail/vacances pourrait à terme peser sur la santé mentale des salariés, déjà fragilisés par la généralisation du télétravail depuis la crise de la Covid-19. Une enquête réalisée en 2022 par OpinionWay indique que le niveau de stress des travailleurs français a explosé depuis la crise sanitaire. Près d’un tiers des salariés développerait des signes de burn-out, soit trois fois plus qu’avant la crise.

La France, pionnière pour le droit à la déconnexion

En 2017, la France avait été l’un des premiers pays à voter le « droit à la déconnexion ». Autrement dit, un salarié ne peut être tenu responsable de ne pas avoir été connecté en dehors de ses heures de travail. De nombreuses entreprises ont mis en place des accords ou à défaut une charte définissant ces modalités de l'exercice du droit à la déconnexion et la mise en œuvre d'actions de formation et de sensibilisation à un usage raisonnable des outils numériques. A l’UNMI, et dès fin 2016, l’inscription du droit à la déconnexion a ainsi été inscrite dans l’accord sur l’aménagement du temps de travail. « Les collaborateurs ont la chance que la Direction Générale soit sensible à ce sujet et veille au respect de celui-ci », indique Émilie Lannoy, Responsable des ressources humaines (RRH) à l’UNMI.

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Toutefois, si l’absence de négociations annuelles obligatoires constitue un délit d’entrave, la loi ne prévoit pas de pénalité en cas d’absence de charte sur le droit à la déconnexion. Selon une enquête OpinionWay menée en 2018 pour Eléas, cabinet de conseil spécialiste du management de la qualité de vie au travail et de la prévention des risques psychosociaux, 41 % des entreprises n’avaient pas engagé d’action en matière de droit à la déconnexion. Seulement 23 % des entreprises avaient créé une carte des bonnes pratiques des emails et seulement 16% des règles de déconnexion. Une autre étude de ce cabinet indiquait qu’en 2018 toujours, 65 % des cadres utilisaient leurs outils professionnels numériques le soir et 62 % le week-end. 4 ans plus tard, la crise sanitaire est passée par là, généralisant le télétravail et avec lui des amplitudes horaires plus larges. Selon Jean-Yves Boulin, chercheur-associé à Paris Dauphine, « pendant la crise, avec le télétravail, la durée de travail a augmenté de 48 minutes par jour. Les télétravailleurs n’étaient pas interrompus par des sollicitations externes et ceux qui étaient très impliqués dans leur travail avaient des difficultés à se déconnecter ». Après s’être incrusté à la maison, voilà que le boulot nous suit en vacances. « Tracance » ou « workation », chacun choisira son terme, mais au final cette hyperconnexion grandissante relève d’une évolution sociétale globale qui n’est pas sans risque sur l’équilibre psychique des salariés.

Sources :

Le Monde : Le droit à la déconnexion en vacances : pas pour tout le mondeCourrier International : Vu du Royaume-Uni. La France, pionnière du “droit à la déconnexion”Legisocial : Coronavirus et télétravail : respectez le droit à la déconnexion de vos salariés !Maddyness : L’essor du télétravail va t-il faire sauter les 35 heures ?

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