Covid-19 : quels impacts sur l’assurance prévoyance ?
Une chose est sûre : en 2020, l’arrivée de la COVID-19 a bouleversé le monde et les équilibres des assurances santé et prévoyance, qu’elles soient individuelles ou collectives. Selon la Fédération française de l’assurance (FFA), l’assurance santé prévoyance a subi de plein fouet la crise, avec un effet ciseau : des prestations augmentant en même temps que les sinistres (+4,4%) et plus vite que les cotisations (+1,8%).
En prévoyance, les organismes craignaient un résultat dégradé au printemps 2020, en sortie de premier confinement, en raison notamment de la hausse des arrêts de travail. Il semblerait que les conséquences soient en réalité moins lourdes.
Un impact limité sur l’assurance décès
Le peu de données chiffrées qui existent à ce jour sont à nuancer en fonction des régions et/ou des portefeuilles. Une étude d’Actelior, actuaires conseils, réalisée à partir de données nationales (INSEE) fait état d’une surmortalité sensible en 2020 : +6,5% comparé aux 1er trimestres 2018/2019 avec des pics en avril (+34%) et en novembre 2020 (+26%). Cette surmortalité varie selon les âges et les régions. Les personnes âgées de 65 ans et plus ont vu leur taux de mortalité augmenter de 18% en 2020 (+6% en 2021) quand la tranche d’âge 20-49 ans affiche un taux de mortalité de +4% en 2020 (-2% en 2021). « Sans surprise, c’est la région Ile-de-France qui a été la plus fortement touchée (+4% en 2020 pour la tranche 20-49 ans) quand la région Bretagne a été plutôt épargnée (-3%) », indique Emmanuel Gineste, directeur de mission chez Actélior. De son côté, Bertrand Mourelot, directeur technique de l’UNMI, note que l’impact de la pandémie sur l’assurance décès dépend fortement de la typologie des portefeuilles. Ainsi, le risque décès a peu impacté le segment du collectif. « Constitué en majorité de salariés, des personnes actives plutôt jeunes et peu touchées par le risque COVID, le portefeuille de l’UNMI a par conséquent été très peu affecté », confirme-t-il.
Une hausse sensible des arrêts de travail
Si depuis plusieurs années, les experts constatent une dégradation du risque « arrêt de travail », la pandémie a certainement aggravé cette tendance. Dans les entreprises, le taux d'absentéisme a fortement grimpé en 2020 : 34% des salariés en arrêt de travail, soit 6% de plus que l’année précédente, selon une étude du cabinet Gras Savoye Willis Tower Watson publiée début septembre. Un baromètre de Malakoff Humanis publié au même moment fait état de son côté d’une augmentation de 30% entre janvier et mai 2021. Une hausse marquée par un recours accru aux dispositifs d’arrêt dérogatoires mis en place par le gouvernement durant la crise sanitaire. Outre les prestations, les cotisations sont également impactées. « Un manque à gagner est à prévoir en raison de la crise économique qui a touché certains adhérents, entreprises et TNS notamment. Toutefois, en observant l’exercice 2020, nous constatons que cet impact est assez limité sur notre activité même s’il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions », nuance Bertrand Mourelot.
Encore de nombreuses incertitudes…
L’heure n’est donc pas encore aux projections et pour cause : une forte incertitude demeure quant à l’évolution de la situation sanitaire et de la situation économique. Quel sera l’impact de la vaccination sur l’issue de la pandémie ? Quelles seront les conséquences du report des opérations et autres retards de dépistage et de diagnostic sur le risque santé et prévoyance ? Quels effets la crise aura-t-elle sur la santé des entreprises ? Tous les secteurs d’activité seront-ils concernés par la reprise économique ? Impossible à ce stade de le savoir, même si des premières tendances semblent se dégager. « A l’UNMI, nous sommes attentifs à l’émergence d’une nouvelle typologie d’arrêts de travail liés aux risques psychosociaux. C’est pourquoi nous avons suivi la recommandation de la FNMF visant à généraliser le remboursement des séances chez un psychologue en élargissant cette garantie à tous nos contrats. De la même manière, nous anticipons une éventuelle croissance des arrêts de travail liée à la forte hausse des burn-out », assure Bertrand Mourelot. En un an, le taux de burn-out a en effet doublé, culminant à 2 millions de personnes en burnout sévère en France, selon un baromètre de la santé psychologique des salariés français réalisé en mai 2021 par OpinionWay.
L’INFO en +Selon la DARES, en cumul depuis le 1er janvier 2021, 33 900 ruptures de contrats de travail ont été envisagées dans le cadre de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE), soit près de trois fois plus que sur la même période en 2020, ce qui laisse présager une hausse sensible de la portabilité des garanties santé et prévoyance.
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Sources
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