Back to top

Concentration des mutuelles : décryptage d'un phénomène inéluctable

03/08/2021 Expertise

La baisse du nombre des mutuelles se poursuit d’année en année, fruit de nombreuses fusions, absorptions et substitutions. Les réformes récentes, notamment l’entrée en vigueur de Solvabilité 2, ont amplifié le phénomène.

La France comptait plus de 1 500 mutuelles au début des années 2000. Selon une étude de l’ACPR et de la Banque de France, 20 ans plus tard, ce chiffre a été divisé par quatre. L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) contrôle ainsi aujourd’hui 385 mutuelles et unions de mutuelles de livre II.

Parmi celles-ci, seules 189 sont soumises à la directive européenne Solvabilité 2. Ce mouvement de concentration est le résultat de nombreux transferts de portefeuilles, de fusions et/ou d’absorptions : depuis 2010, toujours selon l’ACPR, 463 opérations ont ainsi été recensées impliquant 405 organismes différents. Une des dernières en date est la création au 1er janvier 2021 d’Aésio Mutuelle, nouveau géant du marché issu de la fusion des mutuelles Adréa, Apréva et Eovi Mcd.

Un secteur sous forte tension

Faut-il voir dans cette tendance la conséquence des contraintes qui pèsent toujours plus sur les acteurs du marché ?

Différentes raisons expliquent ce phénomène qui, loin d’être nouveau, s’est pourtant accéléré ces cinq dernières années. En s’unissant entre elles ou avec des partenaires de l’assurance, les mutuelles espèrent contrer la concurrence des géants du secteur, obtenir des capacités d’investissement suffisantes, mutualiser leurs ressources et modes de fonctionnement leur permettant une meilleure rentabilité. En atteignant une certaine taille, elles peuvent par exemple investir dans des systèmes d’information performants, proposer de nouveaux services leurs clients, digitaux notamment. Il s’agit également et surtout de répondre aux obligations règlementaires issues de Solvabilité 2, entrée en vigueur en 2015. Dans ce contexte, l’enjeu des économies d’échelle est au centre des motivations entourant ces rapprochements.

Mais au-delà de Solvabilité 2, le secteur mutualiste français doit composer avec les grandes réformes qui l’ont fortement impacté ces dernières années. C’est le cas de l’accord national interprofessionnel (ANI) qui depuis le 1er janvier 2016 oblige tous les employeurs privés à offrir une complémentaire santé à leurs salariés. Un véritable choc concurrentiel pour des mutuelles qui étaient jusqu’alors essentiellement tournées vers les contrats individuels. C'est le cas également de l’arrivée, la même année, des contrats responsables liés à la réforme de l' Assurance maladie. Dès lors, pour faire face à ces réformes toujours plus contraignantes et coûteuses, le regroupement apparaît comme une solution sinon une réponse aux nouvelles exigences concurrentielles et règlementaires.

Un besoin de diversification 

Depuis 6 ans, un phénomène de rapprochement inter-codes, entre assureurs, mutuelles et organismes de prévoyance, est par ailleurs observé. Chaque partie prenante peut ainsi apporter son expertise et son coeur de métier en complémentarité des activités exercées par les différents partenaires. L’objectif affiché est bien là de construire des groupes multi-métiers proposant toutes les offres dont aurait besoin un assuré tout au long de sa vie et dans tous les domaines (santé, prévoyance, IARD).

Dans un marché devenu fortement concurrentiel, le modèle mutualiste parvient toutefois à se démarquer en (ré)affirmant ses valeurs historiques. Car, préserver et promouvoir le modèle mutualiste au travers de ses valeurs de solidarité, d’indépendance et de liberté reste à ce jour le meilleur atout concurrentiel des mutuelles.

 


Envie d'en savoir plus sur le sujet de la concentration des mutuelles ?

Lisez dès maintenant la revue de l'UNMI n°08 « Concentration des mutuelles : décryptage d'un phénomène inéluctable » et découvrez le regard d'expert des présidents de la FNMF, de la FDPM et de l'UNMI.