Article publié en août 2020

Bien-être au travail : une question de (bon) sens !

Expertise secteur assurantiel
Le bonheur au travail serait-il qu’une utopie ? Les nouvelles générations sont davantage en quête de reconnaissance, de confiance dans leur travail et de sens à leur mission. Un sentiment qui est porté d’office par les valeurs mutualistes.

Sujet d’actualité brûlant, le bien-être au travail est au cœur de toutes les discussions. Vecteur d’épanouissement et de réalisation de soi, le travail donne un sens à notre vie, c’est pourquoi la question du bien-être et de la qualité de vie au travail (QVT) prend tout son sens. En 1994, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en a même tenté une définition : « Le bien-être au travail est un état d’esprit dynamique caractérisé par une harmonie satisfaisante entre les aptitudes, les besoins et les aspirations du travailleur, d’une part, et les contraintes et les possibilités du milieu de travail, d’autre part ».

Simple effet de mode ou réelle prise de conscience que le bien-être est un facteur d’épanouissement personnel, de performance individuelle et collective ? Il n’empêche, on voit apparaître ici et là de nouvelles fonctions dans nos entreprises : responsables du bonheur, chief happiness officer, happiness manager, etc. Quant aux candidats en recherche d’emploi, notamment la génération des millenials, ils ne s’en cachent pas, eux qui vont jusqu’à sélectionner l’entreprise idéale, celle où ils seront heureux d’aller travailler, celle qui leur donnera la chance de se réaliser.

Qu’en pensent les intéressés eux-mêmes ?

Selon une enquête BPI Group / BVA réalisée en février 2019, deux salariés français sur trois se disent satisfaits de leur qualité de vie au travail. L'étude démontre que 68% des individus sont contents de leur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, 66% sont satisfaits de leurs relations hiérarchiques et enfin 66% apprécient leur qualité de vie en entreprise. Pourtant : seuls 15% des salariés constatent une implication de leur entreprise pour améliorer la qualité de vie au travail. Le chemin est donc encore long…

En 2016, une enquête d’Opinion Way pour Capgemini Consulting révélait déjà que pour 53% des cadres, l’entreprise n’avait pas (encore) créé les conditions pour libérer le potentiel de leurs salariés. « Certains managers, dirigeants, DRH ont conscience de l’importance d’un mieux-être et d’un mieux-vivre en entreprise, mais ils ne savent pas forcément comment s’y prendre pour mettre en place une véritable démarche sur le long terme », constate Isabelle Samaille-Dubar, initiatrice et présidente de l’association LIFE (Liberté, Inspiration, Fun, Entreprise). « Le bonheur au travail, on en parle, on le vit parfois dans les entreprises ou on aimerait le vivre davantage, qu’il soit quotidien et durable dans le temps car c’est le bien-être au travail, le plaisir qui entraîne le succès, l’innovation, la créativité et non plus l’inverse », affirme-t-elle.

Une relation avec l’entreprise à réinventer

Les actifs interrogés dans une autre étude Nextdoor OpinionWay (2016) citent comme sources de bien-être au travail un métier qui plaît (90%) ; dans lequel on se sent compétent (90%) ; qui garantit un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée (89%) ; où l’on travaille en autonomie (89%) ; et dans une ambiance agréable (89%). « Être en capacité de remplir une fonction avec le sentiment d’être compétent et de maîtriser son environnement est une condition sine qua non pour le bien-être au travail. Ces résultats engagent clairement les entreprises à reconsidérer leur façon de manager en développant notamment la formation, la confiance et la collaboration », commente Philippe Morel, président de Nextdoor.

Autrement dit, offrir aux collaborateurs une autre façon de travailler. Car toutes les études sur le sujet le montrent : les salariés français sont en fait en quête de reconnaissance, de perspectives d’évolution, et surtout, d’un intérêt de faire des activités auxquelles ils croient.

En quête de sens

Un sentiment que rejoint la très conversée Julia de Funès qui affirme dans son dernier livre « La comédie (in)humaine » que « le bonheur au travail est une hypocrisie managériale ». « Le bonheur est absolument indéfinissable. Il est trop personnel et subjectif pour qu’on prétende le normer ou le formater », écrit-elle. La philosophe, chasseuse de tête dans une autre vie, relève ce paradoxe : alors que jamais les dirigeants n’ont fait autant pour le bien-être de leurs équipes, il n’y a autant eu de mal-être au travail (augmentation des arrêts maladie longue durée, des burn-out, etc.). Selon elle, être heureux dans son l’entreprise ne rend pas plus performant. Ce serait plutôt l’inverse : « C’est lorsqu’ils ont la possibilité d’être performants que les salariés sont heureux. Le bonheur est la conséquence et non la cause. Dans la vie, nous sommes heureux quand on a réalisé ou obtenu quelque chose ».

En résumé, avoir les capacités d’agir pour se sentir bien (l’autonomie), pouvoir répondre à la question « Pourquoi je fais ça ? » (le sens), et avoir une certaine dose de confiance en soi et dans les autres pour agir, voilà les clés managériales qui permettraient de faire du bonheur au travail une réalité et non plus une utopie. En somme, des éléments de bon sens que rejoignent les valeurs mutualistes : engagement, responsabilité, solidarité, non-lucrativité, gouvernance démocratique.

Sources :

BVA « Baromètre des salariés – la santé et le bien-être au travail », fev 2019 www.bva-group.com

www.my-nextdoor.com

« La comédie (in)humaine”, de Julia de Funès

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