Article publié en octobre 2025

Bien-être au travail : les cadres, ces grands « oubliés » ?

Temps de lecture : 2 min
Les cadres tiennent la barre, mais à quel prix ? Intensité, disponibilité, injonctions contradictoires : les signaux virent à l’orange. Si le malaise des cadres progresse en silence, c’est qu’on ne le mesure pas ou qu’on ne veut pas le voir. Pourquoi et quelles réponses concrètes apporter ?

La santé mentale des cadres se dégrade

Ils sont censés « tenir la barre », absorber les chocs, amortir les tensions dans leur équipe. Forces vives de la gestion et souvent en première ligne lors des périodes de transformations, on attend d’eux beaucoup, tout le temps. Leur rôle, leur niveau de responsabilité et leurs capacités d’évolution sont sans cesse interrogés. Et si tout cela devenait moins une source d’épanouissement qu’un moteur de tension, ajoutant une pression de plus en plus forte sur leurs épaules ?

En 2025, alors que la santé mentale est consacrée grande cause nationale, près d’un salarié sur deux (45 %) se dit en détresse psychologique, soit +3 points par rapport à la précédente édition du baromètre Empreinte Humaine/OpinionWay (juin 2024). Ce signal ne vise pas seulement les juniors ou les métiers dits « à risques », il concerne aussi les fonctions de direction et d’encadrement, soumises à forte intensité et à une disponibilité permanente. Derrière la façade de la maîtrise, le malaise des cadres progresse. Les managers, notamment RH, partagent le constat d’une montée des problèmes de santé mentale au sein de leurs équipes ; 36% d’entre eux se déclarent eux-mêmes en détresse, dont 15% en détresse élevée. Dans le même temps, 99% estiment devoir être exemplaires dans la prévention de leurs propres facteurs de risques psychosociaux pour mieux s’occuper de ceux des autres. Le serpent qui se mord la queue…

 

Travailler plus pour gagner moins ?

L’INSEE rappelle que la France se situe dans la moyenne européenne en nombre d’heures travaillées à temps complet, avec 40,1 heures par semaine. Dans les fonctions d’encadrement, la durée explose : objectifs élevés, délais serrés, reporting continu, évolution des pratiques managériales, gestion de crise… 63% des cadres déclarent travailler plus de 40 heures par semaine et 82% faire des heures supplémentaires, souvent ni récupérées ni rémunérées, qu’ils soient au forfait-jours ou pas. Ces dérives grignotent en silence la récupération mentale et physique et alimentent progressivement l’épuisement.

L’APEC souligne que des traits « typiques » de l’identité cadre (haute valeur accordée à la performance, hyper-disponibilité, surcharge invisible, flexibilité horaire, responsabilisation juridique) favorisent l’épuisement lorsqu’aucune limite n’est fixée par l’entreprise. S’ajoutent des injonctions contradictoires : produire plus et mieux, tout en pilotant des transformations (digitalisation, IA, conformité, etc.), avec moins de marges de manœuvre et avec une pression budgétaire accrue.

 

Mais pourquoi est-ce encore tabou?

D’abord, une culture de la retenue : reconnaître la souffrance reste perçu comme un aveu de faiblesse dans les fonctions d’exemplarité. 

Ensuite, un vide statistique : les indicateurs « santé travail » agrègent souvent tous les salariés, sans tenir compte des spécificités cadres évoquées plus haut.

Enfin, un biais de visibilité : les médias mettent davantage en avant les cas de harcèlement d’employés que la souffrance plus discrète des fonctions support et d’encadrement, souvent traitée en interne via du coaching individuel plutôt que par des mesures d’organisation.

Et le contexte actuel de polycrises (sociale, politique, économique, géopolitique) n’est évidemment pas propice à plus de sérénité…

 

La santé mentale des femmes cadres en première ligne

Selon Santé publique France, la prévalence de la souffrance psychique liée au travail (SPLT) a doublé entre 2007 et 2019 : elle concernait en 2019, 5,9% des femmes et 2,7% des hommes. Les femmes cadres déclarent quant à elles davantage de stress et d’épuisement que leurs homologues masculins. Une enquête APEC publiée début 2025 indique que 54% des femmes cadres disent ressentir au moins de temps en temps un épuisement professionnel contre 42% des hommes, et 54% d’entre elles rapportent un stress intense régulier, contre 43% des hommes.

L’APEC formule aussi des recommandations pour accompagner cadres et entreprises en prévention d’un épuisement professionnel : former les managers et les équipes à reconnaître les signes ; mettre en place des programmes de coaching et de conseil pour aider à gérer le stress ; favoriser le télétravail et des horaires flexibles pour faciliter l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

 

L'info en +

  • 54% des cadres ressentent souvent ou occasionnellement un stress intense.
  • 1 sur 2 dit éprouver un sentiment d’épuisement.
  • 52% estiment avoir une charge « insurmontable ».
  • 40% expriment un sentiment de déprime.

 

Pour en savoir plus :

Santé psychologique des dirigeants, un sujet encore tabou ?

 

Sources :

Burn-out chez les cadres : comment se reconstruire et reprendre une activité professionnelle ?

Le niveau de détresse psychologique des salariés toujours aussi prépondérant

Reprise du travail après un épisode d’épuisement professionnel

Santé mentale : comment vont les salariés français en 2025 ?

54 % des cadres ressentent souvent ou occasionnellement un niveau de stress intense et plus d’1 sur 2 un sentiment régulier ou occasionnel d’épuisement professionnel

 

 

 

picto devenez partenaire

DEVENEZ PARTENAIRE

Intéressé par nos offres et services ?

Prenez rendez-vous avec un de nos conseillers UNMI