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Intelligence artificielle et robotisation : vers la fin des métiers pénibles ?

13/03/2019 Expertise

Les technologies numériques vont faire évoluer tous les métiers, certains beaucoup plus que d’autres. Elles réduiront la pénibilité physique des activités manuelles, mais exposeront à de nouveaux risques pour la santé et le bien-être au travail.

Depuis la fin des années 2000, les nouvelles technologies numériques se déploient progressivement dans tous les secteurs d’activité et tous les métiers. Nombre d’entre elles sont déterminantes pour le futur des entreprises : capteurs, big data (méga données), robotique de pointe, cloud computing, internet des objets, impression 3D, intelligence artificielle, blockchain, biotechnologies et nanotechnologies… S’y ajouteront bientôt véhicules autonomes ou semi-autonomes et de nouvelles manières de produire et stocker l’énergie.

Ces technologies permettent d’inventer de nouvelles formes et organisations de travail. Ainsi, l’intelligence artificielle et la robotique de pointe ouvrent la voie à de nouvelles possibilités d’automatisation. On l’observe déjà dans de nombreux domaines : la collecte et l’exploitation massives des données permettent de produire diagnostics médicaux, analyses financières et autres travaux jusqu’ici limités aux capacités humaines. De même, les robots viennent « augmenter » le potentiel physique et cognitif de l’homme au travail, afin de réduire la pénibilité de la tâche, mais aussi de l’assister. Tandis que la robotisation industrielle ne cesse de progresser, la télémédecine, la surveillance médicale et l’aide à la personne à distance commencent à se développer.

En France, près de 50 % des emplois pourraient évoluer avec l’essor des technologies numériques, et 10 % pourraient disparaître.

Une trentaine de métiers sont particulièrement susceptibles de changer : celui d’agent d’entretien figure en tête, suivi de conducteur de véhicule, aide à domicile, aide-soignant, vendeur, manutentionnaire, employés de l’hôtellerie et la restauration, agent administratif de la fonction publique, enseignant… Les métiers manuels dominent mais ne sont pas seuls concernés. Ainsi les cadres des services administratifs, comptables et financiers font partie de la liste, tout comme les secrétaires.

Globalement, l’usage croissant des nouvelles technologies dans les entreprises réduit la pénibilité physique, mais il accroît les exigences attentionnelles et émotionnelles dans beaucoup de métiers. Le Conseil d’orientation pour l’emploi souligne également ses effets « ambivalents voire opposés ». Selon l’utilisation qui en est faite par l’entreprise, les nouvelles technologies peuvent enrichir le travail comme l’appauvrir, accroître l’autonomie ou au contraire renforcer le contrôle et les contraintes de rythmes. Enfin elles contribuent à diversifier les temps et les lieux de travail, et peuvent, en cela également, être bénéfiques ou non pour le bien- être au travail. Une étude de la Dares souligne qu’en levant les contraintes spatiales et temporelles, les outils mobiles peuvent générer techno-stress, dépendance, troubles du sommeil et épuisement.

Dans ce contexte aussi prometteur que porteur de risques, le Conseil d’orientation pour l’emploi appelle à un nouveau dialogue social « parallèlement à la démarche de « tâtonnement » qui accompagne la diffusion des nouvelles technologies dans beaucoup d’entreprises et d’environnements de travail ».

Sources :

Conseil d’orientation pour l’emploi - Automatisation, numérisation et emploi - Tomes 1, 2 et 3.

Dares analyses n°29 Juin 2018