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L’uberisation de l’économie : nouveau challenge pour les mutuelles

03/05/2018 Expertise

L’ubérisation, nouvelle forme de travail indépendant, bouscule l’économie traditionnelle. Le secteur de l’assurance est appelé à innover pour accompagner l’essor des plateformes collaboratives.

Les travailleurs non-salariés des plateformes collaboratives seraient 200 000 en France (hors vente d’occasion et hébergement)1. Une quinzaine de secteurs sont déjà « ubérisés » : transport, hébergement, bâtiment, banques avec le crowfunding, experts-comptables, services à la personne2

La plateforme de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) Uber a donné son nom au phénomène. Le succès des VTC est indéniable : il dope la création d’entreprise dans le transport, en hausse de 40 % en 2015 et de 50 % en 20163 . Surtout actifs à Paris et en Île-de-France, ces chauffeurs sont de plus en plus nombreux dans les grandes agglomérations de province. Uber doit désormais montrer l’exemple, en veillant à l’intérêt de chaque partie prenante : client, plateforme, investisseur ET chauffeur.

Prendre en compte cette évolution sociétale

Dans son rapport sur l’ubérisation4 , le Conseil d’État souligne l’immense potentiel de l’économie des plateformes, fondée sur les échanges directs, multiples, sécurisés et économiques entre individus. Ce « processus de désintermédiation » est favorisé par le développement des réseaux et l’aspiration à un nouveau modèle économique et social, il résulte de la convergence de l’intelligence artificielle, l’Internet des objets et la blockchain. « Cette technologie, fondée sur la preuve, peut être regardée comme un aboutissement du processus de désintermédiation qui est au cœur de l’ubérisation », estime le Conseil d’État.

Le secteur assurantiel et mutualiste a déjà adopté ces technologies et investi ce nouvel écosystème. Comme d’autres, il est concerné à double titre. Il doit, d'une part, intégrer l’évolution structurelle que représentent les plateformes d’emploi indépendant dans son offre de produits et de services, et, d'autre part, également exploiter ces outils numériques pour ses propres flux internes et externes. Garantir des populations d’individus aux caractéristiques communes, cela s’appelle l’assurance de groupement. De tels contrats peuvent être adaptés à la protection des professionnels des plateformes, tant en dommages qu’en santé ou en prévoyance.

Un marché en devenir pour les mutuelles

Dans son rapport de mai 20161, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) recommande ainsi à l’État d’autoriser les plateformes à contribuer à l’assurance maladie de base, complémentaire et supplémentaire de leurs travailleurs indépendants. Elle l’invite aussi à « soutenir les expérimentations entre les plateformes, les assureurs, le secteur du logement et les établissements bancaires » afin de favoriser l’accès au logement et au crédit de ces indépendants sans capital.

En attendant, Uber a fait appel à l’Adie et ses solutions de microcrédit pour permettre aux chauffeurs de son réseau de financer la location ou l’achat de leur véhicule et autres besoins. L’Igas prône encore la digitalisation de la sécurité sociale des travailleurs non-salariés des plateformes avec un guichet unique pour recouvrir les cotisations et gérer les prestations. L’ubérisation appelle bel et bien le changement.

Sources
1 : Igas Les plateformes collaboratives, l'emploi et la protection sociale
2 : www.uberisation.org
3 : Acosstat n°252 Juillet 2017
4 : Etude annuelle 2017 Puissance publique et plateformes numériques : accompagner l’ubérisation