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La télémédecine : et demain ?

20/08/2019 Expertise

2018 a été une année décisive pour la télémédecine avec la prise en charge par l’assurance maladie des actes de téléconsultation pour tous les patients et sur tout le territoire. Et demain, quelles nouvelles avancées pour quels enjeux ?

La téléconsultation encore peu utilisée

Le gouvernement mise sur la téléconsultation pour lutter contre les déserts médicaux. Pourtant, depuis son entrée en vigueur, le dispositif peine à se généraliser. Les patients seraient-ils frileux à l’idée d’un examen par écrans interposés ? Anticipant ce frein bien légitime, l’Assurance maladie a imposé des règles strictes. La téléconsultation n’est prise en charge que si elle est faite avec le médecin traitant ou un praticien consulté dans son cabinet au moins une fois au cours des 12 derniers mois. Malgré cela, les consultations en ligne ne décollent pas. Moins de 8 000 actes ont été remboursés par la Sécurité sociale depuis septembre 2018. A ce rythme, l’objectif officiel fixé à 500 000 téléconsultations d’ici fin 2019 sera-t-il atteint ?

Nos voisins plus en avance…

Nos voisins européens, notamment les pays scandinaves et anglo-saxons, ont intégré depuis plusieurs années la télémédecine à leurs parcours de soins. Ainsi, en Suède, qui fait souvent office de précurseur en matière d’avancée sociale, l’e-santé fait partie intégrante du paysage médical. 95% des prescriptions se font aujourd’hui sous format électronique, avec un taux de croissance, en termes de revenus, du marché suédois de la télémédecine de 80%, entre 2012 et 2017. Même constat au Royaume-Uni qui a vu le NHS (National Health Service) faire des économies de 90 millions d’euros sur la même période. Au vu de ces résultats, tout laisse à penser que les perspectives offertes par la filière e-santé en France, tant pour les médecins que pour les patients, sont plutôt prometteuses.

Le DMP enfin déployé

D’autant que de nouveaux usages se profilent pour les professionnels de santé et leurs patients. La bonne nouvelle : les Français sont plutôt réceptifs au développement de nouvelles technologies liées à l’e-santé : transmission électronique de leurs résultats d’examen médicaux entre professionnels de santé (87%), renouvellement d’ordonnances à distance (84%), réception de leurs données médicales ou de leurs résultats d’examen sous format électronique (81%). Lancé en 2004, le dossier médical partagé (DMP) est enfin déployé. Non obligatoire, ce carnet de santé numérique va permettre aux patients de partager leurs données de santé bien plus facilement avec les professionnels. Une révolution qui permettrait d’améliorer les soins et de faire des économies. Mais à quel prix ? Mis au tiroir pendant 14 ans, le projet aurait déjà coûté à l’’Etat entre 500 millions et 1 milliard d’euros, selon le Conseil national de la qualité et de la coordination des soins. Mais les estimations réalisées annonçaient dès 2004 des économies de l’ordre de 3,5 à 6,5 milliards d’euros par an pour l’assurance maladie.

Vers un « espace numérique de santé »

Le DMP version 2019 fait en réalité partie d’un plan beaucoup plus ambitieux : la mise à disposition d’ici 2022 d’un « espace numérique de santé » global pour les patients et les soignants. Outre la consultation de son DMP, un patient pourra s’informer sur la qualité de la prise en charge dans son secteur géographique, échanger avec son médecin, recevoir ses prescriptions de manière dématérialisée, etc. Les applications de l’Intelligence Artificielle à la santé, considérée comme un des secteurs prioritaires de la stratégie nationale du gouvernement sur le sujet, devrait accélérer les choses. Reste un défi majeur et récurrent, qui devra être traité à l’échelle européenne : comment assurer une sécurisation sans faille des données personnelles des patients ?

L’INFO EN + 
Selon un sondage Harris Interactive mené en janvier 2019, 86% des Français ont déjà entendu parler de la téléconsultation médicale : ils sont encore plus nombreux parmi les personnes âgées de 50 ans et plus (94%), celles issues de catégories aisées (91%) et les plus diplômées (93%). Les évocations spontanées les plus associées à la notion de téléconsultation sont ses aspects « pratique » et « rapide », ainsi que sa capacité à apporter une solution au problème des « déserts médicaux ». 81% des Français estiment que son développement serait efficace pour permettre aux personnes de consulter un médecin plus facilement. 72% estiment qu'elle permettrait de lutter efficacement contre l'engorgement des services d'urgences des hôpitaux, en proposant une solution alternative.

Sources :

Confédération des syndicats médicaux français (CSMF)
Harris Interactive
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